Les grottes de Na Pomezí, un royaume souterrain en marbre

Photo: Vojtěch Ruschka

De profonds gouffres et cavités, de longs couloirs souterrains, de hauts dômes et une riche décoration blanchâtre formée de concrétions calcaires : des stalactites et des stalagmites… Ce sont les grottes de Na Pomezí, les plus grandes grottes karstiques de République tchèque nées de la dissolution du marbre.

Photo: Vojtěch Ruschka
Situées à l’extrême nord de la Moravie, dans les monts de Rychleby, entre les communes de Lipová et de Vápenná, les grottes de Na Pomezí (un nom qui pourrait être traduit en français « à la frontière » ou encore « aux confins ») se cachent à plusieurs dizaines de mètres sous terre, dans un massif de calcaire. Elles se caractérisent par de hauts couloirs étroits qui s’agrandissent parfois pour donner naissance à de grands dômes, ainsi que par des cascades, des stalactites et des stalagmites monumentales, formées pendant des centaines de milliers d’années par la condensation et la cristallisation de particules de calcite contenues dans les eaux karstiques tombant des murs et des plafonds.

Chaque année, le complexe de cavités est visité par quelque 70 000 touristes tchèques et étrangers. Sur ses 1700 mètres de longueur, 390 mètres sont en effet accessibles au public. Responsable des grottes de Na Pomezí, Martin Kubalák nous i parle de la visite guidée du site de 45 minutes qu’il propose :

« Cette concrétion en carbonate de calcium cristallisée fait penser aux cascades d’une chute d’eau gelée d’où le nom du premier dôme de ces grottes – ‘Le Dôme de glace’. »

Photo: Vojtěch Ruschka
Les grottes de Na Pomezí sont constituées de deux niveaux de couloirs, avec une décoration riche composée de différentes formes de stalactites et stalagmites, mais aussi de fistuleuses, petites stalactites ressemblant à de la paille, de piliers, de rideaux et de cascades en marbre. La plupart de ces formations naturelles portent des noms qui leur ont été donnés aussi bien par des touristes que par des guides et des spéléologues. Il est donc possible d’y découvrir un phare – le plus grand pilier en calcaire, haut de 2,5 mètres, mais aussi un chien, un hibou dormant, un orgue, une chaire, une oreille d’éléphant, un cœur, ou encore un gouffre appelé La Porte de l’enfer… Le circuit touristique traverse le Dôme Au saule pleureur, dénommé ainsi d’après une structure calcaire immense ressemblant à cette espèce particulière d’arbre, le Dôme blanc, très richement décoré de concrétions immaculées, ou le Dôme royal, la plus haute cavité des grottes. Martin Kubalák :

« Dans les grottes de Na Pomezí, vous pouvez trouver presque tous les types de concrétions. De plus, il y a aussi de petits lacs au fond desquels vous pouvez trouver des perles des cavernes. C’est en quelque sorte une rareté des grottes de Na Pomezí, car ce type de concrétion se trouve dans peu de grottes tchèques. Les perles des cavernes sont des petites boules. Elles sont fixées au fond du petit lac et, sauf exception, ne peuvent pas être enlevées. Ces perles sont formées par la concrétion de carbonate de calcium autour d’un grain de sable ou d’un os d’une chauve-souris. »

Un paradis pour les chauves-souris

Photo: Vojtěch Ruschka
Au total, on connaît plus de 2000 grottes en République tchèque, quatorze d’entre elles étant ouvertes aux touristes. Les grottes de Na Pomezí ont été découvertes assez tardivement. Dans les années 1930, une dizaine de complexes de cavités souterraines ont en effet été trouvées dans la région. Il s’agissait tout d’abord de la grande grotte de Rasovna, profonde de 70 mètres :

« Les phénomènes karstiques dans la région ont été découverts avec le lancement de l’exploitation du marbre. Les grottes de Na Pomezí ont été découvertes en 1936, très probablement suite à des explosions provoquées dans une carrière de pierre voisine. Nous ne savons pas exactement qui a été le premier à entrer dans ces grottes ni quand. La plus ancienne inscription gravée dans les grottes indique le nom de Kurt Höhle et l’année 1937. L’existence des grottes de Na Pomezí a été oubliée à cause de la Seconde Guerre mondiale. Elles ont donc été redécouvertes le 28 août 1949 par un groupe de spéléologues qui faisaient des recherches dans la région. Depuis 1950 déjà, les grottes sont ouvertes au public. »

Classées site naturel protégé en 1965, les grottes cachent, d’après Martin Kubalák, un grand mystère qui concerne leur création :

Photo: Vojtěch Ruschka
« Les experts n’ont pas réussi à déterminer comment ces grottes avaient été formées. Il s’agit probablement d’une conséquence des activités corrosives et érosives de l’eau pénétrant dans le massif par différentes déchirures. »

Une autre particularité est liée aux grottes de Na Pomezí. La température constante et relativement fraîche, qui est toute l’année de 7,7 °C, ainsi que l’humidité de l’air qui approche 99 % en font un abri idéal pour certaines espèces d’animaux. Martin Kubalák :

« Les grottes de Na Pomezí sont un important lieu d’hivernage des chauve-souris. Parmi les dix espèces qui y vivent figure notamment le Rhinolophus hipposideros, appelé aussi le Petit Rhinolophe, une espèce en danger critique d’extinction. Dans nos grottes, vous pouvez en trouver près de 2000 de ces chauves-souris. »

Les lacs noirs de Rejvíz

Photo: Vojtěch Ruschka
A environ dix kilomètres des grottes de Na Pomezí et à huit kilomètres de la ville de Jeseník se trouve un autre site naturel important de la région – la réserve de Rejvíz, la plus grande tourbière morave. S’étendant sur une surface de près de 400 hectares, la réserve située au milieu d’une forêt est connue notamment pour être un abri pour de nombreuses rares espèces de plantes et d’animaux, parmi lesquelles par exemple certaines orchidées ou encore des droséras, de petites plantes carnivores.

Deux lacs, dont l’eau tourbeuse est d’un noir foncé, font également partie de cette tourbière. Le premier, appelé Velké mechové jezírko (Le Grand lac de mousse), est accessible aux touristes par le biais d’un sentier en bois. L’autre, Malé mechové jezírko (Le Petit lac de mousse), se cache dans une forêt de pins impénétrable.

Praděd,  photo: Vojtěch Ruschka
Le village éponyme, avec seulement quelque 75 habitants, est pour sa part inscrit sur la liste du patrimoine tchèque pour ses maisons pittoresques, construites en bois au cours du XIXe siècle.

En visitant cette région de l’extrême-nord de la Moravie, il est aussi tout à fait possible de faire une randonnée dans les montagnes voisines, les massifs des Jeseníky. Leur plus haut sommet, Praděd, est en effet situé à seulement une quinzaine de kilomètres des monts de Rychleby. Une très jolie ascension qui commence dans la ville thermale de Karlova Studánka, mène à travers la vallée et les canyons classés de la rivière Bíla Opava, jusqu’au sommet du point culminant de la Moravie, avec ses 1 491 mètres d’altitude.

http://www.jeskynecr.cz/cz/jeskyne/jeskyne-na-pomezi

http://rejviz.info

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