Pour les Tchèques, les JO de Pyeongchang, ce sera sans « Gabi » Koukalová

Gabriela Koukalová, photo: ČTK

C’est une certitude depuis vendredi et un coup dur pour les chances tchèques de médailles aux Jeux olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud) : handicapée par une blessure aux mollets et absente des pistes de la Coupe du monde de biathlon depuis le début de saison, Gabriela Koukalová a été contrainte de déclarer forfait pour le grand rendez-vous de la saison.

Gabriela Koukalová,  photo: ČTK
Il a bien fallu se rendre à l’évidence, et après des mois d’incertitude, de doutes et de rumeurs les plus diverses, c’est ce qu’a donc fait Gabriela Koukalová en fin de semaine dernière. A court d’entraînement et de forme, la championne du monde en titre du sprint et vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 2016 a préféré renoncer, à 28 ans, à ce qui était annoncé comme le sommet de sa carrière :

« Lors des entraînements spécifiques en endurance, l’acide lactique s’accumule dans les muscles de mes jambes. Les choses se passent bien pendant trois quarts d’heure, mais dès que je cherche à monter en cadence, j’ai de mauvaises sensations avec des jambes lourdes, fatiguées et pleines de crampes. Or, j’ai besoin de pouvoir skier à plein régime et de mettre de l’intensité en course pour pouvoir prétendre à un résultat digne de ce nom. Cela fait quelques mois déjà que ces problèmes durent et ma préparation n’est pas suffisante pour une compétition comme les Jeux olympiques. »

C’est par conséquent sans celle qui a été élue meilleur sportif (hommes et femmes confondus) de l’année 2017 en décembre dernier, que la République tchèque s’efforcera de faire bonne figure à Pyeongchang en février prochain (du 9 au 25). Président de la Fédération tchèque de biathlon (ČBS), Jiří Hamza regrette bien entendu de ne pas pouvoir compter sur le talent de la meilleure représentante tchèque de ces dernières années, mais lui aussi s’est efforcé de prendre les choses avec philosophie :

Jiří Hamza,  photo: ČT24
« Gabriela s’est entraînée jusqu’en fin d’année dernière et elle a essayé de reprendre ces derniers jours. Mais elle a trop mal aux jambes et sa saison est terminée. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent parfois dans la carrière d’un sportif de haut niveau. L’essentiel pour elle désormais est de bien se soigner et espérer qu’elle pourra retrouver la compétition la saison prochaine. Je suis persuadé qu’elle nous procurera encore beaucoup de joies à l’avenir. »

C’est donc comme simple spectatrice que « Gabi », comme la surnomment les supporters tchèques, suivra les prochains Jeux. Et elle a vite écarté l’éventualité, envisagée par les médias, de participer aux épreuves de relais, moins exigeantes que les individuelles. Une question d’honnêteté selon elle :

« Il y a plusieurs filles dans l’équipe qui ont fait le maximum pour pouvoir participer à ces Jeux et je pense qu’elles méritent leur place bien davantage que moi. Ma place n’est pas aux Jeux. Ce sera aussi l’occasion pour les plus jeunes d’emmagasiner de l’expérience, ce qui est une bonne chose pour l’avenir. »

Fin de saison et fin de carrière ?

Double médaillée aux Jeux de Sotchi en 2014, et même triple si le relais féminin tchèque profite bien de la disqualification de l’équipe russe pour dopage (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/le-dopage-russe-permet-aux-tcheques-de-recuperer-une-medaille-des-jeux-de-sotchi), Gabriela Koukalová comptait assurément parmi les principaux espoirs de podiums tchèques à Pyeongchang, au même titre que la patineuse de vitesse Martina Sáblíková et les snowboardeuses Ester Ledecká et Eva Samková. Pour autant, la principale artisane du boom du biathlon en République tchèque ces dernières années ne veut pas pleurer sur son sort :

« Aujourd’hui, la situation est telle que la priorité doit être donnée aux soins. Je suis entre de bonnes mains et j’espère que ce n’est pas la fin des haricots. Je reste confiante et j’espère que cette saison blanche, même si elle arrive au plus mauvais moment, ne sera qu’une parenthèse dans ma carrière et ne m’empêchera de poursuivre celle-ci les années prochaines. »

Ondřej Rybář,  photo: Prokop Havel,  ČRo
Paradoxalement, c’est l’entraîneur en chef de l’équipe nationale tchèque de biathlon, Ondřej Rybář, qui est peut-être le plus sceptique sur l’avenir de Gabriela Koukalová en qualité de biathlète :

« Il peut y avoir tout un tas de raisons qui feront qu’elle préfèrera ne pas reprendre la compétition. Je pense d’abord aux raisons familiales parce qu’il n’y a bien entendu pas que le sport dans la vie, même des sportifs de haut niveau. Ce sera aussi pour elle une question de motivation. La perspective des Jeux en était une. Là, il faudra en trouver une autre. Mais si elle garde l’envie, les portes lui resteront grand ouvertes. »

Sans sa leader et figure de proue, Ondřej Rybář comptera sur ses autres représentants pour tirer leur épingle du jeu en Corée. Et après un début de saison très décevant, ceux-ci ont repris du poil de la bête et retrouvent progressivement un niveau de forme plus conforme à leurs ambitions. Les podiums de Veronika Vítková et d’Ondřej Moravec lors de l’étape de Coupe du monde à Ruhpolding (Allemagne) le week-end dernier ont confirmé que le biathlon tchèque ne se résumait pas seulement à Gabriela Koukalová, aussi populaire et médiatique celle-ci soit-elle.