Dans le Perche, un rendez-vous de passionnés de la radio pour débattre de l’avenir des stations internationales

Photo: Archives de Paul Jamet

Pour la vingt-quatrième année consécutive, des radioamateurs de toute la France, auditeurs des stations internationales, étaient réunis le temps d’un week-end, début juin, à Gréez-sur-Roc, petite commune de la Sarthe. Invitée par le Radio Club du Perche, qui organise la rencontre, Radio Prague a participé à ce rendez-vous de passionnés de la radio jusqu'au bout des ondes. Reportage.

Yun Woo-mi,  photo: Archives de Paul Jamet
« Ailleurs n’est jamais loin quand on aime. » Cette citation, Yun Woo-mi, journaliste de la rédaction française de la KBS World Radio, la tient d’un livre de Richard Bach, auteur notamment de Jonathan Livingston le goéland ; un livre dans lequel il est question tout à la fois d’amitié, d’amour, de rencontres, d’anniversaires et de bonheur. Ce n’est pas un hasard si la représentante de la station internationale sud-coréenne a prononcé cette petite phrase lors du déjeuner dominical de la Rencontre des amis de la radio. Car la radio, c’est finalement aussi un peu tout cela à la fois. Lors d’une précédente rencontre il y a quelques années de cela, c’est d’ailleurs ce qu’avez déjà expliqué Guy Le Louet et Gilles Gautier, respectivement ancien et actuel présidents du Radio Club du Perche, pour exprimer leur intérêt pour les radios du monde :

Guy Le Louet : « C’est certain qu’il faut être passionné. La majorité de la population ne sait pas qu’il existe des émissions en ondes courtes en français, que Radio Japon, La Voix de l’Amérique ou Radio Moscou devenue La Voix de la Russie* diffusent des programmes en français. »

Gilles Gautier et Guy Le Louet,  photo: Archives de Paul Jamet
Gilles Gautier : « J’ai découvert les ondes courtes grâce à mon oncle. Quand j’ai écouté ma première émission, c’était la KBS, la radio de la Corée du Sud. A écouter une émission en français venue de si loin sur un poste, j’étais ébloui comme un gamin de 15 ans alors que j’en avais une trentaine. »

Présente pour la deuxième fois à Gréez-sur-Roc après une première participation il y a quelque vingt ans de cela, Yun Woo-mi était l’hôte très attendue de cette 24e édition de la Rencontre des amis de la radio. Et si elle aussi, malgré la distance, est revenue depuis Séoul à la ferme de La Viône, cadre traditionnel de l’événement, c’est précisément pour célébrer ce moyen de partage, et pas seulement d’informations, qu’est la radio :

« La France est un beau pays, mais ce qui compte le plus pour moi, c’est de pouvoir être présente au milieu de vous grâce à la radio, qui est un moyen extraordinaire d’échange et de relations humaines. Et ce ne sont certainement pas les quelques verres de vin que j’ai bus qui me font dire cela. C’est la vérité ! »

Photo: Archives de Paul Jamet
Grande amatrice de vin mais aussi des belles cerises rouges de ce joli coin de France qu’est la province du Perche, Woo-mi a profité de cette rencontre avec ces auditeurs des stations internationales pour débattre de l’avenir incertain de nombre d’entre elles. A l’heure où Radio Bulgarie, Radio Roumanie, Radio Slovaquie et même Radio Prague il n’y a finalement pas si longtemps que cela sont régulièrement confrontées à des difficultés existentielles, certaines craintes, plus encore celles liées à la diffusion en français, sont palpables. Et les questions qui se posent à Sofia, Bucarest, Bratislava ou Prague, pour ne citer que les stations d’Europe centrale, sont les mêmes que celles qui restent en suspens par exemple en Corée, comme l’a rappelé Paul Jamet, fidèle auditeur depuis de nombreuses années de toutes les radios du monde :

« Nous savons que les instances de la KBS s’interrogent quant à l’avenir de nos relations à travers les programmes que vous diffusez. Nous espérons donc que vous rapporterez de nombreux témoignages sur le fait que nous tenons beaucoup à ce que vous faites et que nous apprécions votre travail. Et si vos dirigeants ont des doutes, qu’ils viennent nous voir, nous leur réserverons le même accueil qu’à vous pour qu’ils comprennent bien que c’est un intérêt sincère de notre part. »

Si les absents ont souvent tort, Philippe Marsan, autre fidèle auditeur venu lui de sa chère Gironde, n’a toutefois pas oublié de penser à d’autres amis de la radio sans lesquels les stations internationales ne seraient pas tout à fait ce qu’elles sont, notamment Hervé Brien, lui aussi de la région bordelaise, et Marcel Lecerf de Lorraine.

Et puis, à tout seigneur, tout honneur, le mot de la fin au président du Radio Club du Perche, Gilles Gautier… En attendant le 25e anniversaire de la Rencontre des amis de la radio en 2018.


*La Voix de la Russie a mis un terme, en 2014, à ses émissions en ondes courtes. Sputnik, service d’information multimédia, a pris le relais depuis, lancé par le gouvernement russe en remplacement de l’agence d’informations RIA Novosti. Souvent taxée de propagande, Radio Sputnik en est l’élément audio.