Prague et ses habitants confrontés aux invasions de touristes

Photo illustrative: Štěpánka Budková

La ville de Prague devrait-t-elle protéger le confort de ses habitants face à l’afflux croissant de touristes ? C’est une des questions auxquelles nous fournirons des éléments de réponse dans cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée. Le chemin épineux et l’histoire de la version courte de l’appellation de la République tchèque - Česko - Tchéquie en français, appellation de plus en plus courante, est un des autres thèmes qui seront également traités. Nous évoquerons également l’installation d’une copie de la colonne mariale sur la place de la Vieille-Ville prévue pour 2018, année du centenaire de la fondation de la Tchécoslovaquie, ou encore un article qui examine les nouvelles possibilités des bibliothèques publiques à l’ère numérique.

Photo illustrative: Štěpánka Budková
Prague souffre de l’afflux des touristes – plus de 30 millions en 2016, nouveau record de fréquentation - et la ville doit se protéger. C’est du moins ce qu’estime un texte mis en ligne sur le site aktualně.cz, qui indique que le nombre de visiteurs à Prague ne cesse d’augmenter. Tout en admettant que l’activité du tourisme contribue au développement de la ville, son auteur constate qu’elle peut également avoir un effet paralysateur, surtout du point de vue de ses habitants, dont les intérêts devraient, tant bien que mal, être privilégiés. L’auteur précise sa pensée en expliquant :

« Les responsables de la municipalité de Prague envisagent d’interdire la vente de boissons alcoolisées dans les magasins du centre-ville à compter de 22 heures afin d’empêcher le tapage nocturne, qui constitue un problème grave. Il existe en effet certaines localités dans lesquelles la vie de ses habitants devient insupportable non seulement la nuit, mais aussi pendant la journée. Ceux qui restent vivre sont de moins en moins nombreux, le centre de Prague, tout en abondant de visiteurs et de touristes, se dépeuplant progressivement. »

A titre d’illustration, le texte décrit la situation dans le 1er arrondissement de la capitale, là où se trouvent quelques-unes des principales attractions historiques avec le Pont Charles, le Château de Prague ou le quartier juif :

« Tandis que cet arrondissement comptait quelque 53 000 habitants en 1980, ils ne sont pas plus de 30 000 aujourd’hui. Le phénomène a été le même dans d’autres localités recherchées par les touristes. Paradoxalement, en se transformant en une attrayante destination touristique, la ville perd beaucoup de son charme et de son âme. On peut pourtant penser que si les touristes étrangers apprécient les célèbres monuments, ce qu’ils veulent aussi voir n’est pas un musée à ciel ouvert, mais un cadre de vie authentique animé par la présence de ses habitants. »

Pour l’auteur de l’article, Lisbonne peut servir d’exemple de ville qui réussit à marier les impératifs touristiques avec les intérêts de ses habitants. Toutefois, des voix qui affirment que le tourisme, outre son aspect positif, recouvre également un aspect problématique, commencent désormais à se faire entendre. Elles insistent sur le fait qu’une ville comme Prague se doit de posséder une véritable stratégie touristique qui tiendrait compte des intérêts de ses habitants.

Le chemin épineux de l’appellation Czechia

Photo: Facebook de MZV ČR
L’appellation courte de la République tchèque – Česko en tchèque, Tchéquie en français ou encore Czechia en anglais, ne plaît toujours pas à tout le monde. Rappelons que ce nom géographique a été officiellement enregistré dans la base de données de l’ONU en juillet 2016. Cette appellation doit depuis lors être utilisée notamment pour la promotion et la renommée de la République tchèque à l’étranger. Elle est également de plus en plus fréquemment utilisée dans les médias, et ce bien que République tchèque reste l’appelation officielle du pays. Une des dernières éditions du quotidien Lidové noviny rappelle qu’en dépit des polémiques qu’il suscite toujours aujourd’hui, le nom Czechia possède une longue histoire :

« Dès 1541, le chroniquer Václav Hájek de Libočany a proposé de remplacer l’appellation latine de son pays et de sa nation - Boemia - par le mot Czechia. Rapidement acceptée, cette idée s’est répandue notamment dans les milieux de poètes et d’historiens. A la fin du XVIe siècle, Czechia figurait même dans différents dictionnaires. Après la bataille de la Montagne-Blanche, le mot a été utilisé tant par les exilés que par les auteurs catholiques locaux. Le nom Czechia figure également sur des tableaux, des monuments, des traités juridiques ou dans des livres de médecine. A l’époque, cette appellation était acceptée aussi par les habitants de Silésie et de Moravie, contrairement à l’idée qui est aujourd’hui défendue par certains de leurs représentants aux tendances nationalistes. »

Par ailleurs, l’article rappelle les polémiques qui ont accompagné l’usage de l’appellation Tchécoslovaquie, nouvel Etat apparu sur la carte de l’Europe en 1918. Bien que ce nom ait d’abord été lui aussi largement critiqué tant dans les milieux intellectuels tchèques et slovaques que dans le monde anglophone, il a fini par être accepté de bon gré par la majorité des Tchèques comme à l’étranger. L’auteur de l’article conclut en affirmant que le chemin qui attend encore l’appellation Czechia pour être pleinement accepté par tous sera probablement aussi épineux que celui de Czechoslovakia - Tchécoslovaquie.

Une colonne mariale de retour sur la place de la Vieille-Ville

Le lieu original du colonne mariale sur la place de la Vieille-Ville,  photo: Ian Willoughby
Le retour d’une réplique de la colonne mariale sur la place de la Vieille-Ville est prévu pour l’année prochaine. Installée dans les années 1650, cette colonne, considérée comme un symbole de l’oppression habsbourgeoise, a été démontée au moment de l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918. Le quotidien Mladá fronta Dnes rappelle à ce sujet :

« La colonne originale, créée par le sculpteur Jan Jiří Bendl, a été la première œuvre baroque dans les Pays tchèques et le troisième monument de ce style en Europe. Elle a été construite pour célébrer la victoire des troupes habsbourgeoises sur les soldats suédois et saluer le courage des Pragois lors de la défense de la ville. Entourée de quatre anges et surmontée de la Vierge Marie, elle constituait une œuvre d’art de valeur dont les fragments sont aujourd’hui déposés au Musée national. »

Les travaux sur la nouvelle colonne mariale, qui sont réalisés par une équipe avec le sculpteur Petr Váňa à sa tête, ont été entamés il y a vingt ans de cela. Approuvée par le conseil municipal, sa prochaine installation ne fait cependant pas l’unanimité, et ce même si une majorité de Pragois déclarent soutenir le projet. Cette nouvelle colonne se veut donc être un symbole de conciliation, et cette dimension symbolique sera soulignée par le fait que la réplique retrouvera sa place l’année du centenaire de la naissance de l’Etat tchécoslovaque.

Quel rôle pour les bibliothèques publiques à l’ère numérique ?

Photo: Archies de Radio Prague
Aider les bibliothèques tchèques à trouver, à l’ère numérique, une nouvelle raison d’être et une nouvelle mission. Tel est, en bref, l’objectif d’un programme national sur trois ans qui a été mis sur pied sous l’égide du ministère de la Culture, de l’Université Masaryk de Brno et de la bibliothèque de la ville de Třinec, déclarée meilleure bibliothèque du pays en 2015. Le but est que les bibliothèques publiques dépassent leur modèle traditionnel pour ne plus fonctionner uniquement comme lieux de prêts et de stockage de livres, mais aussi comme centres culturels et éducatifs. Le site respekt.cz explique :

« A l’échelle européenne, la Tchéquie dispose d’un réseau de bibliothèques publiques très dense, leur nombre dépassant les 5 350. Ces vingt dernières années pourtant, plus de 800 bibliothèques ont fermé leurs portes pendant que le nombre de lecteurs enregistrés et de livres empruntés avait tendance à la baisse. Ce constat confirme que les bibliothèques ont perdu leur monopole de sources d’informations, ce qui oblige les acteurs responsables à leur redonner un nouveau souffle. »

Selon les initiateurs du projet, une bibliothèque publique doit désormais remplir non seulement son rôle culturel, mais aussi servir de lieu de rencontre, surtout dans les communes de petite taille. C’est notamment des expériences menées dans les pays scandinaves qu’il convient de s’inspirer.