Vingt ans de la Déclaration tchéco-allemande, un document qui a « ouvert un chemin vers l'avenir »

Helmut Kohl et Václav Klaus, photo: ČT

Prague et Berlin se rappellent cette semaine de la signature de la Déclaration tchéco-allemande. Ce document qui a représenté un vrai tournant dans les relations entre les deux pays, a été signé par les chefs du gouvernement et de la diplomatie le 21 janvier 1997. Vingt ans plus tard, le texte reste toujours d'actualité. Pour la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka, il a « ouvert un chemin vers l’avenir », un avenir débarrassé des problèmes du passé.

Helmut Kohl et Václav Klaus,  photo: ČT
« Les deux parties s’engagent à ne plus entraver les relations mutuelles par des questions politiques et juridiques du passé », est écrit dans le texte, approuvé par les Parlements des deux pays. La Déclaration tchéco-allemande était destinée à surmonter les maux dont les origines remontaient à la Seconde Guerre mondiale : l’Allemagne a reconnu sa responsabilité pour les crimes nazis commis sur le peuple tchèque et la Tchéquie a exprimé ses regrets pour l’expulsion des Allemands des Sudètes après la guerre. Le 21 janvier 1997, ce document a été signé par le Premier ministre tchèque de l’époque, Václav Klaus, le chancelier allemand Helmut Kohl et les ministres des Affaires étrangères des deux pays, à savoir Josef Zieleniec et Klaus Kinkel. Ce dernier explique l’importance de cet événement :

« Ce qui était arrivé aux Tchèques lors de la Seconde Guerre mondiale, et plus tard, comme une sorte de revanche, aux Allemands des Sudètes, nous n’avons pas pu le laisser tomber sans rien dire. »

Václav Klaus,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Pourtant, cette signature ne représentait que l'aboutissement des efforts de plusieurs années. L’ancien chef du gouvernement et président Václav Klaus poursuit :

« En 1992 déjà, un traité international standard a été conclu entre la Tchécoslovaquie et l’Allemagne. Mais ce document a été trop général, il n’a pas parlé du passé. Mais comme le temps passait, nous avons compris qu’il fallait faire un autre pas, un pas qui oserait tirer un trait sur ce passé pesant et douloureux pour aller de l'avant. Nous avons donc longtemps négocié et enfin nous avons trouvé des formulations adéquates qui voulaient dire ‘le passé c'est le passé, ne nous en préoccupons plus aujourd’hui’. Dans ce sens-là, la déclaration a été un succès de la politique réelle. »

De plus, le texte de quatre pages n’a pas été adopté sans problèmes, notamment du côté tchèque. Après quatre jours de négociations, un tiers de parlementaires s’opposaient toujours à certains compromis en raison des expressions employées qui devaient être acceptés par les deux pays. Selon les représentants contemporains de la République tchèque et de l'Allemagne, cet événement montre néanmoins comment les relations entre les deux Etats ont évolué depuis, Tchéques et Allemands devenant, comme l’a dit Angela Merkel, les « bons voisins et bons amis ». C’est également ce que confirme le chef de la diplomatie tchèque de l’époque, Josef Zieleniec :

Josef Zieleniec,  photo: Vendula Kosíková,  ČRo
« La signature de la déclaration a été précédée par deux ou trois ans des luttes politiques, en Allemagne comme en République tchèque. Il fallait que cela réussisse… Si nous n’avions pas eu le soutien dans ces bonnes relations tchéco-allemandes, notre situation aurait aujourd’hui été beaucoup plus difficile. »

Josef Zieleniec conclu que plutôt qu’à des blessures du passé, les deux pays doivent maintenant faire face à de nouveaux défis, tels que l’unité de l’UE ou la crise migratoire. Son ancien homologue Klaus Kinkel met toutefois en garde contre les positions différentes de la République tchèque et de l’Allemagne sur certains thèmes qui pourraient de nouveau endommager des bonnes relations bilatérales :

Klaus Kinkel,  photo: Tohma,  CC BY SA 4.0 International
« Nous n’avons pas compris, et je le dis très franchement, pourquoi la République tchèque a refusé catégoriquement des quotas de répartition de migrants, même si le nombre de réfugiés qui seraient arrivés dans ce pays n'aurait pas été très élevé. »

Plusieurs événements et projets culturels seront organisés tout au long de l’année pour commémorer cet anniversaire. Outre l’exposition intitulée « Ceux qui ont survécu les camps de concentration », qui sera inaugurée le 27 janvier au palais Nostic, le siège du ministère de la Culture à Prague, il est possible de citer par exemple une rétrospective des peintres allemands Gerhard Richter et Adolf Hölzel ou une exposition de photos rappelant la fuite, en 1989, des Allemands de l’Est vers les pays occidentaux via Prague.