Les nouveaux députés se font les dents avec le budget 2018

Andrej Babiš, photo: ČTK

Les députés tchèques ont voté en première lecture en faveur du budget de l’Etat pour l’année 2018, qui comprend un déficit de 50 milliards de couronnes. C’est le premier grand test pour la Chambre des députés nouvellement élue, qui, s’étant réunie tardivement après les législatives, dispose de surcroît de moins de temps que les années précédentes pour adopter ce budget…

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Et les inquiétudes étaient nombreuses avant ce débat parlementaire crucial, car si le budget 2018 n’est pas adopté avant fin décembre, la Tchéquie devra débuter l’année prochaine sur la base d’un budget provisoire. Le mouvement ANO et son leader Andrej Babiš, nommé ce mercredi au poste de Premier ministre, qui entendent constituer un gouvernement minoritaire, ne disposent pas d’une majorité à la chambre basse du Parlement. Aussi, l’attitude qu’adopteraient les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, formations composant le cabinet démissionnaire, n’était pas forcément claire. Désormais dans l’opposition, allaient-ils voter contre un projet de budget qu’ils ont eux-mêmes négocié ?

Le ministre des Finances Ivan Pilný, du mouvement ANO, a pu pousser un ouf de soulagement. 116 députés ont voté en faveur du budget en première lecture. Les élus du mouvement ANO, les sociaux-démocrates, les chrétiens-démocrates et également ceux de parti d’extrême-droite SPD. Ivan Pilný :

« Je suis évidemment content que nous ayons passé cette étape. Sinon, nous nous acheminions de façon certaine vers un fonctionnement avec un budget provisoire, ce qui serait vraiment irresponsable. Pour moi, c’est un budget de l’art du possible, donc il n’est pas complètement mauvais. Bien sûr, je peux difficilement le qualifier de pro-investissement. »

Ivan Pilný,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Ce budget table sur un déficit de 50 milliards de couronnes (environ 2 milliards d’euros), soit 10 milliards de moins que le déficit prévu cette année. C’est également une somme inférieure au seuil des 3 % du PIB préconisé par Bruxelles pour les pays de l’eurozone, dont Prague ne fait pas partie. La dette tchèque est d’ailleurs, avec 32,6 % du PIB, largement plus faible que les dettes de la plupart des autres Etats européens.

Pourtant, l’opposition parlementaire de droite, qui a voté contre le projet de budget, réclamait que le déficit du budget soit encore réduit. L’ODS voulait un déficit à 10 milliards et le parti conservateur TOP 09 aux alentours de 20 milliards. Chantre de l’austérité budgétaire, notamment lors de son passage au ministère des Finances voici quelques années, Miroslav Kalousek, le chef du groupe parlementaire de TOP 09, a fait part de son mécontentement :

« Le défi que constitue le vieillissement de la population, et donc les réformes des retraites et de l’assurance santé, est ignoré. Nous observons une augmentation irresponsable du nombre de fonctionnaires, alors que nous devrions plutôt assurer une meilleure efficacité des services publics. »

Miroslav Kalousek,  photo: Luboš Vedral,  ČTK
La bataille n’est pas terminée pour autant. Les députés ont décidé du déficit, du montant des recettes et des dépenses et de la façon dont serait géré le budget. Il reste maintenant à déterminer sa composition interne. Et il y aura là débat, comme l’a annoncé Ivan Bartoš, le président du parti des Pirates, dont les députés se sont abstenus :

« Nous identifions des secteurs très sensibles dans le budget et principalement en ce qui concerne les investissements dans l’éducation. Par exemple, alors que 4,5 milliards de couronnes étaient promises pour les écoles supérieures, celles-ci, dans le budget actuel, ne recevront que 1,3 milliard. »

C’est maintenant au tour du comité parlementaire en charge du budget de se pencher sur le texte, avant que les députés ne se prononcent en deuxième lecture. S’ils échouaient, c’est donc avec un budget provisoire que le gouvernement minoritaire de M. Babiš devrait fonctionner au début de l’année prochaine. Cela n’est pour l’heure arrivé qu’une seule fois, voici cinq ans, et c’est plutôt une mauvaise nouvelle puisque les dépenses sont dans ce cas drastiquement limitées.