La Banque centrale augmente ses taux directeurs, une première depuis 2008

Photo illustrative: Pixabay, CC0

Le Conseil bancaire de la Banque nationale tchèque (ČNB) a annoncé ce jeudi une hausse de ses taux directeurs, une première depuis février 2008. Justifiée par la bonne santé de l’économie tchèque, la hausse attendue des salaires et la volonté de limiter l’inflation, la décision, inédite ces dernières années en Europe, a eu pour effet immédiat de renforcer la couronne tchèque, dont le cours est même passé un temps sous la barre des 26 couronnes pour un euro.

Jiří Rusnok,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Les taux directeurs d’une banque centrale définissent les taux d’intérêts auxquels les banques commerciales peuvent se financer auprès d’elle. Il s’agit donc d’un outil qui permet indirectement d’impacter sur le niveau des crédits des entreprises et des particuliers et donc de réguler l’activité économique.

Ce jeudi, le Conseil bancaire de la Banque centrale a décidé d’utiliser cet outil. Il a annoncé la hausse de 0,05 point de son taux principal, désormais, à 0,25%. Le taux lombard, celui pour les prêts à court terme, passe lui de 0,25% à 0,5%, et le taux d’escompte reste pour sa part inchangé, à 0,05%. La dernière intervention de l’institution monétaire sur ses taux avait eu lieu en novembre 2012. Aujourd’hui, le contexte économique est bien différent avec une croissance de l’activité relativement soutenue et une situation de plein emploi. Voilà ce qui justifie la nouvelle politique de la Banque nationale tchèque, ainsi que l’a expliqué en conférence de presse son gouverneur, Jiří Rusnok :

« En République tchèque, contrairement à la situation dans l’eurozone, les salaires réels augmentent de façon très visible et même très robuste. Nous avons en Europe la croissance la plus importante des prix de l’immobilier et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas ignorer, même si, d’une certaine façon, c’est un problème secondaire. »

La ČNB prévoit que l’inflation continue à être légèrement supérieure au seuil des 2% pour le reste de cette année. C’est plus que l’objectif qu’elle s’est fixée et c’est pour corriger le tir et maîtriser les prix à la consommation que les taux directeurs ont été activés. Eva Zamrazilová, économiste en chef de l’Association bancaire tchèque, voit d’un bon œil l’initiative de l’institution monétaire :

« La Banque nationale évalue les risques, et c’est une bonne chose. Elle voit davantage de risque à ne pas agir, à maintenir les taux directeurs au niveau où ils se trouvaient. Je pense donc que c’est une décision bonne et courageuse qui intervient de surcroît au bon moment. Car effectivement l’économie tchèque montre des signes de surchauffe dans toute une série de domaines : le marché de l’emploi, le marché de l’immobilier, l’inflation est supérieure à l’objectif fixé depuis le début de l’année. Donc selon moi, il était temps d’agir. »

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Pour les particuliers, la hausse des taux directeurs devraient avoir plusieurs conséquences. Les taux d’intérêts pour leurs emprunts, et notamment pour les crédits immobiliers, devraient connaître une augmentation mesurée et progressive. Le pouvoir d’achat des ménages pourrait quant à lui profiter de la nouvelle donne puisque la couronne tchèque devrait se renforcer. Les importations seront donc moins chères et les Tchèques seront plus à l’aise financièrement lors de leurs voyages à l’étranger.

Dès l’annonce de la Banque centrale, la devise nationale n’a d’ailleurs pas tardé à monter face aux autres monnaies. Pendant quelques heures, son cours est même passé sous le seuil des 26 couronnes pour un euro, un niveau jamais vu depuis fin 2013 et le début de la dévaluation monétaire opérée par la ČNB jusqu’en avril dernier. Et en fonction de l’évolution à venir de la couronne tchèque, le gouverneur Jiří Rusnok n’exclut pas d’opérer d’autres réévaluations des taux directeurs de la Banque centrale dans les deux années à venir.