Karlovy Vary 2017 : un festival de cinéma où l’on peut faire des rencontres

Le film Corporate, photo : Film Servis Festival Karlovy Vary

Qui dit début de l’été en République tchèque pense à coup sûr festival international du film de Karlovy Vary. La 52e édition du plus grand événement du genre en Europe centrale, de plus en plus apprécié de festivaliers qui y viennent en nombre, débute en effet ce vendredi et se poursuivra jusqu’au 8 juillet dans la célèbre ville thermale de Bohême de l’Ouest. Conseillère artistique du festival, Eva Zaoralová nous met l’eau à la bouche…

Eva Zaoralová,  photo : Filip Jandourek,  ČRo
Eva Zaoralová, vous avez été la directrice artistique du festival, vous en êtes maintenant et depuis 2011 la conseillère artistique. Comment concevez-vous votre fonction et comment vous avez travaillé pour cette 52e édition du festival de Karlovy Vary ?

« Vous savez, je ne dirige plus le festival depuis six ans. J’ai moi-même recommandé mon successeur, Karel Och, et il est un très bon directeur artistique. Je suis avec plaisir son travail. A l’époque, quand j’ai commencé à m’occuper de Karlovy Vary, ce n’était pas si simple parce qu’il y avait un problème avec Prague. Certaines personnes voulaient y transférer le festival et on disait que Karlovy Vary ne valait plus rien. Tandis que Jiří Bartoška, le président du festival, et moi-même avons convaincu le public de venir à Karlovy Vary. Et désormais, depuis plusieurs années, je crois que c’est vraiment un festival qui est très suivi par le public, et qui est très suivi même à l’étranger par la presse internationale. »

Le film Corporate,  photo : Film Servis Festival Karlovy Vary
Contrairement à l’année dernière, il y a un film français en compétition, il s’agit de Corporate, de Nicolas Silhol. Vous pouvez nous parler de ce film ?

« Il s’appelle Corporate, c’est un mot plutôt bizarre qui correspond à un vocabulaire commercial. Je crois que c’est un très bon film et nous en sommes très contents… Je ne sais pas si le réalisateur vient mais deux acteurs devraient présenter le film : Céline Salette, une actrice assez connue en France, et Lambert Wilson, qui lui est très connu. »

Il n’y a qu’un seul film tchèque dans la section compétitive, Křižáček, Le Petit croisé en français, de Václav Kadrnka. Comment voyez-vous évoluer la production cinématographique tchèque ces dernières années et comment cela se reflète-t-il au festival de Karlovy Vary ?

Le film Křižáček
« Si vous suivez cette cinématographie, vous savez que Křižáček est quelque chose de très spécial par rapport au reste de la production tchèque. Parce que ce sont d’autres films tchèques qui font beaucoup d’entrées dans les salles, comme par exemple Masaryk de Julius Ševčík. Mais je crois que Křižáček est un film très intéressant, presque poétique, puisque la base de ce film est un poème de Jaroslav Vrchlický, un poète très célèbre dans notre littérature, qui était surtout connu au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle. Je ne sais pas pourquoi Václav Kadrnka a choisi ce thème mais il a su en faire une histoire très originale. Et j’apprécie beaucoup l’acteur principal, Karel Roden, qui joue le personnage du garçon qui est ce Křižáček, c’est-à-dire un des soldats de l’armée croisée au Moyen-Âge. »

Photo : Film Servis Festival Karlovy Vary
Le festival de Karlovy Vary, ce sont aussi des stars avec la venue cette année de Ken Loach, Casey Affleck ou de Uma Thurman, une section sur le cinéma de l’Europe orientale, une autre sur le documentaire, des rétrospectives… Qu’est-ce qui selon vous fait l’unité et l’originalité de ce festival ?

« D’après ce que disent les stars, par exemple les stars américaines qui viennent chez nous, tout le monde se souvient de Karlovy Vary comme d’un endroit où l’on peut rencontrer les personnes. C’est quelque chose de très différent de Cannes. A Karlovy Vary, c’est beaucoup plus petit, il n’y a pas tant de gens, tant de commerces. Et de manière générale, je crois que l’atmosphère amicale de la ville est très appréciée. La ville, c’est aussi ce qui nous a motivés Jiří Bartoška et moi, qui a commencé à collaborer avec lui à la moitié des années 1990. Nous avons pensé que c’est un bon endroit pour les rencontres. C’est une ville thermale de taille modeste où l’on peut retrouver des amis, rencontrer des spécialistes, des professionnels, des représentants de maisons de distribution… C’est peut-être ce qui fait la spécificité de Karlovy Vary, même parmi les autres festivals des anciens pays socialistes. »

Pour le programme, c’est par ici que cela se passe : www.kviff.com