Jean-Claude Juncker à Prague : « La solidarité est un état d’esprit »

Jean-Claude Juncker, photo: ČTK

Jean-Claude Juncker était à Prague ces jeudi et vendredi. Il s’agissait de sa première visite depuis sa prise de fonctions en novembre 2014. Le président de la Commission européenne, régulièrement critiqué en République tchèque, a participé à une conférence sur la défense et la sécurité, mais aussi rencontré des étudiants.

Jean-Claude Juncker,  photo: ČTK
« Je suis persuadé que les Tchèques sont de grands Européens. Mais ils devraient se comporter en tant qu’Européens aussi pour ce qui est de la question de la migration. » Dans son discours prononcé jeudi au Karolinum, siège historique de l’Université Charles, Jean-Claude Juncker n’a pas caché sa déception suite à la récente décision du gouvernement tchèque de ne plus accueillir de réfugiés en provenance d’Italie et de Grèce sur la base des quotas de répartition :

« Cela me rend triste de savoir que la République tchèque n’a accueilli que douze réfugiés l’année dernière et personne d’autre depuis. J’ai été très déçu d’apprendre que le gouvernement tchèque envisageait de mettre fin à la participation du pays à la relocalisation des réfugiés. J’essaie de comprendre la sensibilité des Tchèques sur ce sujet. Mais la solidarité est plus qu’un principe, c’est un état d’esprit. »

Pour Jean-Claude Juncker, la République tchèque devrait faire preuve de solidarité en participant à la résolution commune de la crise migratoire, car elle bénéficie de l’aide financière de l’Union européenne. Devant un public composé de représentants et d’étudiants de différentes universités tchèques et slovaques, le président de la Commission a parlé également de la situation de l’Europe et de son avenir. L’ancien Premier ministre luxembourgeois a souligné qu’il existait des différences entre les Etats membres dans le niveau de leur participation aux projets communs, ce qui confirme l’existence d’une Europe à plusieurs vitesses.

Jean-Claude Juncker a également discuté, jeudi, avec des représentants du Parlement tchèque. D’après le président du Sénat, Milan Štěch, le chef de la Commission a toutefois rejeté l’idée selon laquelle la position négative de la Tchéquie pourrait avoir des conséquences négatives sur les subventions qui lui sont accordées.

« L’Europe doit se préoccuper elle-même de sa défense »

La conférence DESCOP,  photo: ČTK
Ce vendredi, l’avenir de l’UE était au cœur de l’intervention de Jean-Claude Juncker à la conférence DESCOP, une conférence sur la défense et la sécurité organisée à Prague en coopération par la Commission européenne et le gouvernement tchèque. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, la secrétaire générale adjointe de l’OTAN, Rose Gottemoeller, ainsi que d’autres représentants de l’UE et plusieurs ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays membres étaient réunis à cette occasion dans la capitale tchèque.

L’UE doit prendre en charge sa défense et être capable d’assurer elle-même la sécurité sur le continent européen. Pour ce faire, elle a besoin d’augmenter le budget consacré à la défense. Tel a été le principal message de tous les discours prononcés, parmi lesquels celui du Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka :

Jean-Claude Juncker et Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Je veux dire au nom de la République tchèque que nous sommes favorables à un renforcement de la coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité sur le territoire de l’UE. De même, nous travaillons intensément afin de remplir nos engagements vis-à-vis de l’Alliance atlantique. »

Jean-Claude Juncker, qui a désigné la conférence pragoise de « moment clé dans le domaine de la sécurité », a félicité la République tchèque pour ses efforts. Selon lui, les Etats membres de l’Union devraient désormais jouer un rôle plus important au sein de l’OTAN et être en mesure de réagir indépendamment aux différentes menaces. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’UE entend créer un fonds commun qui permettra de mieux coordonner les dépenses dans ce secteur et ainsi de rendre plus efficace l’action des armées des pays en question.

Tous les représentants de l’UE ont souligné que cette coopération européenne ne se voulait en aucun cas être une concurrence à l’OTAN. La secrétaire générale adjointe de l’OTAN, Rose Gottemoeller, a d’ailleurs confirmé qu’elle voyait cette initiative d’un bon œil car « une UE plus forte signifie aussi une Alliance plus forte. »