Jaroslav Klemeš, un héros de la libération des pays tchèques s’est éteint

Jaroslav Klemeš, photo: ČTK

« Non seulement le dernier parachutiste vivant ayant atterri dans le protectorat, mais également un modèle pour les parachutistes de notre armée pendant de longues années est décédé. » C’est ainsi que le ministre de la Défense, Martin Stropnický, a rendu hommage sur Twitter à Jaroslav Klemeš, décédé lundi après-midi. Retour sur le parcours d’un grand combattant.

Jaroslav Klemeš,  photo: Site officiel du projet Paměť národa
C’est le 31 janvier 1922 qu’est né Jaroslav Klemeš, dans le petit village de Čadca, en Slovaquie actuelle. Son père travaille alors dans l’administration fiscale, tandis que sa mère s’occupe de lui, puis de son frère cadet, Vladimir. Une famille non épargnée par les difficultés de la vie : la mère de Jaroslav et Vladimir décède en 1935, tandis que leur père subit un licenciement en 1939. Jaroslav Klemeš sort du système scolaire diplômé et parvient à trouver du travail.

Une vie bouleversée par la guerre. Le jeune homme fuit l’occupation allemande après la mise en place du Protectorat de Bohême-Moravie par les nazis. Comme 20 000 hommes et femmes tchécoslovaques durant la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans les forces alliées. Par les Balkans et la Syrie, il rejoint d’abord la France, où il prend les armes avant de gagner l’Angleterre. C’est d’abord comme télégraphiste qu’il vient en aide aux Alliés. En Grande-Bretagne, Jaroslav Klemeš s’engage dans la résistance tchécoslovaque, comme il le raconte dans cette archive :

« Des officiers nous expliquaient que la résistance tchécoslovaque avait besoin d’aide et qu’ils étaient à la recherche de gens qui seraient capables et qui pourraient apporter cette aide. Et moi je me suis décidé pour le faire. L’entraînement se déroulait en Ecosse, tout au nord, dans des fermes, avec des exercices, pour les explosifs, de self-défense, de sabotage… Ensuite on allait à Manchester pour s’entraîner au saut et on a finalement rejoint notre unité. »

Jaroslav Klemeš,  photo: ČTK
Un entraînement long de deux ans et demi, supervisé par des gradés tchécoslovaques. L’aboutissement de cette formation, c’est l’opération Platinum – Pewter, durant laquelle il est parachuté près de Nasavrky, à l’est de la Bohême, dans la nuit du 16 au 17 février 1945. Il est ensuite au cœur de la bataille durant l’insurrection de Prague, à nouveau chargé des transmissions :

« Le 8 mai, j’envoyais des informations radio depuis Prague. J’étais en contact avec Londres. C’était mon travail. Même après la fin de la guerre, j’ai dû continuer parce que la demande d’informations était encore importante. »

La fin de la guerre ne signifie pas la fin de l’histoire de Jaroslav Klemeš. Il reste encore cinq ans dans l’armée. Il est cependant condamné pour trahison sous le régime communiste, dégradé, et envoyé en prison de 1950 à 1952. Magasinier, chauffeur de bus, il exerce ensuite différentes professions. L’ancien prisonnier collabore même avec la sécurité d’Etat pendant 3 ans, de 1959 à 1962.

Jaroslav Klemeš,  photo: Site officiel du projet Paměť národa
Réhabilité partiellement en 1968, il l’est pleinement dès 1990. L’ex-résistant se voit distingué à de nombreuses reprises : médaillé pour héroïsme en 1997, promu au grade de Major général en 2013, et pour finir, il est honoré de l'Ordre du Lion blanc, la plus haute distinction tchèque, en 2016.

Jaroslav Klemeš fait alors preuve de beaucoup d’humilité :

« Cette distinction, je ne la prends pas seulement pour moi-même mais également pour tous les autres parachutistes parce que je suis le dernier d’entre eux et que beaucoup n’ont rien reçu et qu’ils le méritaient aussi. Ils ont beaucoup travaillé durant la Seconde Guerre mondiale et tout simplement ils méritaient également cette distinction. Ils ont fait beaucoup et ils ont donné leur vie pour ça. »

Quant à Jaroslav Klemeš, c’est dans son sommeil, à l’âge de 95 ans, qu’il s’est éteint. Et avec lui, une partie de la mémoire de la guerre.