« Brexit » : pour les représentants du V4, de la France et l’Allemagne, le projet européen doit se poursuivre

Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du groupe de Visegrád étaient réunis à Prague, photo: ČTK

Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du groupe de Visegrád (République tchèque, Slovaquie, Pologne et Hongrie) étaient réunis à Prague ce lundi, pour préparer la réunion du Conseil européen de mardi et mercredi où le « Brexit » sera bien entendu au cœur des préoccupations. Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier avaient également répondu présents.

Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du groupe de Visegrád étaient réunis à Prague,  photo: ČTK
A l’heure où le projet européen vacille sous le choc du résultat du référendum britannique, les chancelleries européennes s’activent tous azimuts pour parler d’une seule et même voix. Le déplacement express des deux représentants diplomatiques du couple franco-allemand à Prague, ce lundi matin, pour rencontrer leurs homologues du groupe de Visegrád montre aussi le poids et l’intérêt que prennent ces quatre pays d’Europe centrale après la déconvenue que représente le « Brexit » pour les élites européennes.

C’est donc l’unité des Vingt-Sept sans le Royaume-Uni et la nécessité d’aller de l’avant qui ont été invoquées à Prague, comme l’a expliqué le ministre tchèque Lubomír Zaorálek :

« La décision des Britanniques de quitter l’Union européenne (UE) est une chose grave et nous la regrettons tous. D’un autre côté, c’est quelque chose qui ne peut pas arrêter le développement de l’UE. Nous sommes convaincus, nous tous ici présents, que l’UE est un projet dont nous avons besoin et nous sommes prêts à tout faire pour que ce projet puisse se poursuivre. »

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
Tout cela devrait être l’objet également de la réunion proposée pour le mois de juillet par le ministre slovaque Miroslav Lajčák : réunir l’ensemble des chefs de la diplomatie des Vingt-Sept, alors que la Slovaquie aura entamé la présidence tournante de l’UE le 1er juillet.

Unité toujours dans la bouche du ministre français Jean-Marc Ayrault, qui prône, lui, surtout la réactivité face au séisme que représente la décision des Britanniques :

« Il faut vite refixer le cadre de la négociation, c’est dans l’intérêt commun. Donc la réunion du Conseil européen mardi et mercredi va être extrêmement importante. Bien sûr, David Cameron a décidé de se retirer, mais il faut pour autant avoir sur la table une proposition de méthode. Car on sait que ça va demander du temps. Il faut éviter que ne s’instaure une incertitude. C’est pour cela qu’il faut que l’unité des Vingt-Sept soit préservée et c’est aussi le sens de ma participation à cette réunion à l’invitation de mon homologue tchèque, avec les pays de Visegrád. Il faut que tout le monde se sente concerné : c’est un choc. »

De son côté, Lubomír Zaorálek insiste sur la nécessité d’établir une nouvelle relation entre l’UE et le Royaume-Uni :

Photo: ČTK
« Nous sommes tous tombés d’accord pour dire que les conséquences et les solutions à cet événement doivent être cherchées de manière commune. Le départ du Royaume-Uni signifie qu’il faut créer une nouvelle relation avec la Grande-Bretagne : il est de notre intérêt que cette relation soit de qualité et nous devons nous comporter comme des amis qui ont besoin les uns des autres. L’autre point concerne les vingt-sept pays-membres : nous devons débattre de ce que cela signifie pour l’UE et de ce que cela signifie pour elle à l’avenir. »

La défection des Britanniques du projet européen peut-elle donc être un mal pour un bien ? En tout cas, pour Jean-Marc Ayrault, c’est peut-être là une occasion de lancer une véritable refonte de l’idée de l’Europe, malmenée par des crises à répétition et un désamour croissant :

« La réunion de ce lundi nous a confortés dans la nécessité de réfléchir sur l’avenir de l’Europe, de la rendre plus attractive pour les peuples, pour les citoyens qui s’éloignent d’elle. On voit partout des nationalismes qui montent, des mouvements anti-européens, des populistes qui exploitent les angoisses, les peurs et les insatisfactions économiques et sociales des citoyens européens. Il faut prendre cette réalité en compte. Ce qui me rassure, c’est que, même si bien sûr nous avons des différences, des divergences, chacun est conscient que ce bien commun qu’est l’Europe doit être préservé. Pour cela, il faut savoir l’améliorer sans pour autant faire de grandes proclamations. Il faut être concret, pragmatique, faire des propositions. Mais ce qui est important, c’est qu’on ne soit pas inerte. Après ce qui s’est passé, si cela peut faire prendre conscience que l’Europe doit se rapprocher de ses citoyens, cela aura été au moins utile. »

C’est d’ailleurs le fond même de la déclaration commune de Jean-Marc Ayrault et de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, publiée lundi à Berlin, qui appelle à renforcer l'intégration « politique » en Europe, en tenant compte des différences qui existent entre tous les pays, en matière d’intégration européenne.