A Sofia, les Premiers ministres tchèque et bulgare affichent leur entente

Andrej Babiš et le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov, photo: ČTK

Le Premier ministre du gouvernement démissionnaire, Andrej Babiš, était lundi à Sofia pour rencontrer son homologue bulgare Boïko Borissov. Au programme de leurs discussions, la question des quotas migratoires, mais aussi le budget de l’Union européenne, les fonds de cohésion, ou encore l’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen. Tout ceci alors que la Bulgarie vient de prendre la tête de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour les six mois à venir.

Andrej Babiš et le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov,  photo: ČTK
La visite d’Andrej Babiš à Sofia s’inscrit dans la volonté affichée et affirmée de ce dernier de mener une politique active au sein de l’Union européenne, alors même que les relations entre le pays et Bruxelles ont été malmenées par l’épineuse question des quotas migratoires.

Sur cette question justement, Prague et Sofia semblent être au diapason. Le principe de relocalisation des demandeurs d’asile était d’ailleurs l’un des thèmes principaux des discussions entre le Premier ministre tchèque Andrej Babiš et le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov qui, en tant que responsable de la présidence tournante de l’Union européenne, s’est voulu temporisateur mais ferme :

« L’objectif est de trouver un compromis raisonnable. De fermer les frontières européennes et de laisser passer les gens uniquement par les points de passage. »

Si la position de Sofia sur cette question est proche de celle des pays d’Europe centrale, rappelons toutefois que la Bulgarie avait à l’époque accepté d’accueillir 1 200 réfugiés et a, à plusieurs reprises, appelé Prague et les autres pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, Slovaquie, ndlr) à faire preuve de solidarité… tout en ayant fait construire un mur de barbelés sur sa frontière avec la Turquie.

Le Premier ministre Andrej Babiš a estimé pour sa part qu’il était « inadmissible » que se répète le scénario de 2015 où la plupart des Etats membres avaient accepté le principe des quotas migratoires pour soulager les premiers pays d’accueil, contre la volonté de plusieurs pays d’Europe centrale, dont la République tchèque notamment :

« Je pense que nous avons la même position sur la question des migrations. C’est un problème qu’il faut régler hors d’Europe. Bien entendu, nous sommes solidaires. Le groupe de Visegrád a récemment confirmé au Conseil européen qu’il allait contribuer à hauteur de 35 millions d’euros au programme italien qui vise à réguler les migrations en Méditerranée depuis la Libye. D’un côté, l’Europe se doit de lutter efficacement contre les passeurs. D’un autre côté, nous devons régler ce problème de la même façon que cela a été fait sur la question de la route migratoire des Balkans, en se mettant d’accord avec la Turquie. Nous comptons sur la présidence bulgare pour trouver un consensus. »

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Contrairement à la République tchèque, peu pressée d’adhérer à la zone euro, la Bulgarie plaide pour une adhésion rapide, arguant qu’elle respecte tous les critères de Maastricht. Pour cet Etat membre de l’Union européenne depuis onze ans, il en va de même pour l’adhésion à l’espace Schengen. Certains pays, comme la France notamment, y sont défavorables, même si la Commission européenne, par la voix de son président Jean-Claude Juncker, défend Sofia. Le chef du gouvernement démissionnaire Andrej Babiš a assuré son homologue bulgare du soutien de Prague en la matière :

« Il est aussi important que l’Europe réfléchisse à la question de l’espace Schengen. Nous soutenons clairement l’entrée de la Bulgarie dans cet espace. Je ne comprends pas pourquoi la Grèce s’y trouve, mais pas la Bulgarie, la Roumanie ou la Croatie, pourquoi tous les Etats-membres n’en font pas partie, pourquoi nous ne défendons pas le continent européen en tant que tel. Pourquoi parlons-nous de la défense de nos frontières européennes alors que ni cette politique, ni la lutte contre les passeurs n’ont pour l’heure apporté des résultats satisfaisants. »

Les deux Premiers ministres se sont félicités des bonnes relations existant entre les deux pays, faisant volontairement l’impasse sur un sujet de crispation pourtant bien existant : la question du groupe énergétique tchèque ČEZ qui, l’an passé, a vendu sa centrale électrique à charbon de Varna, ville bulgare située au bord de la mer Noire. Cette vente est le résultat de plusieurs années de tensions entre le gouvernement bulgare et la firme tchèque, implantée dans le pays depuis 2004.

Selon Sofia, l’entreprise ČEZ aurait à l’époque agi contre l’intérêt des consommateurs et aurait abusé de sa position dominante sur le marché bulgare. En 2016, la société ČEZ avait lancé des poursuites devant un tribunal d’arbitrage au motif que les autorités bulgares auraient entravé ses activités, réclamant des compensations à hauteur de plusieurs millions d’euros. Ni Andrej Babiš, ni Boïko Borissov n’ont donc souhaité évoquer le sujet, pas même après la question d’un journaliste bulgare sur la vente des actifs de ČEZ, une question qui sera restée en suspens.