L'adoption de l'euro en discussion à Prague

Photo: Commission européenne

L'adoption de l'euro est en discussion à Prague à l'occasion d'une conférence au titre évocateur : "Adoption de la monnaie unique européenne : apports et risques". La plupart des intervenants, tel que le gouverneur de la Banque nationale tchèque (ČNB) ou le premier ministre Bohuslav Sobotka s'accordent à dire que la Tchéquie n'est pas loin de remplir les conditions qui lui permettraient de rejoindre l'eurozone, un changement de monnaie qui ne devrait cependant pas intervenir avant 2020 selon différents spécialistes cités par l'agence de presse ČTK.

En visite à Prague ce jeudi, Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne, chargé de l'Euro et du Dialogue social, était plus catégorique. Face à des journalistes, il a affirmé que la République tchèque était prête à adopter l'euro et que cela devait constituer l'un des objectifs stratégiques du gouvernement actuellement au pouvoir.

Mais ce changement de monnaie est une véritable arlésienne dans le pays. Dès l'entrée dans l'Union européenne en 2004, a d'abord été évoqué l'horizon 2009-2010. Finalement en 2009, le gouverneur de la Banque centrale de l'époque parlait de 2013-2015 comme dates possibles de l'adoption de la monnaie unique européenne. L'année suivante, il était question de 2016 et on parle maintenant de 2020.

Aussi, à l'occasion de la conférence organisée à Prague sur le sujet, le premier ministre Bohuslav Sobotka a pris des précautions. Alors que le gouvernement qu'il dirige ne prévoit pas durant son mandat l'adoption de l'euro, le social-démocrate a indiqué que ce serait une erreur de fixer une date avant que ne soient améliorés les comptes publics de l’État ainsi que les conditions de vie dans le pays. Selon lui, la Tchéquie a besoin d'un peu plus de temps pour se préparer à l'adoption de l'euro, et il a souligné la différence des niveaux de salaires par rapport à l'Autriche ou l'Allemagne. Bohuslav Sobotka a également fait savoir que son gouvernement avait demandé la réalisation d'un rapport sur la possibilité de rejoindre l'union bancaire avant de renoncer à la couronne.

Le gouverneur de la Banque nationale tchèque (ČNB) Miloslav Singer, très critiqué par le chef d’État pour sa politique de dévaluation de la couronne qui selon Miloš Zeman a retardé le changement de monnaie qu'il appelle de ses vœux, a fait une intervention allant dans le sens de celle du premier ministre. Il a indiqué que les conditions d'adoption de l'euro étaient meilleures que l'an passé mais qu'elles restaient insuffisantes. M. Singer a ainsi rappelé que la République tchèque devrait au préalable rejoindre le Mécanisme de taux de change (MCE II).

De son côté, Tomáš Prouza, le secrétaire d’État en charge des affaires européennes a souligné que la République tchèque devrait également contribuer au mécanisme de stabilité européen à hauteur de 34 milliards de couronnes, environ 1,26 milliard d'euros, ce qui représente 0,5% du PIB du pays.