La République tchèque, premier producteur mondial de pavot (légal)

Si vous avez déjà visité le pays et si vous avez jeté un coup d’œil sur les pâtisseries locales, cela ne vous aura pas échappé, les Tchèques sont très friands des graines de pavot. Il y en a sur le pain, il y en a surtout sur les gâteaux et les desserts, mais il existe également des plats comme les gnocchi au pavot que vous trouverez encore sur les cartes de certains restaurants. En 2008, selon les chiffres fournis par l’organisation des nations unies pour l’alimention et l’agriculture, la République tchèque a produit plus de la moitié de la production totale de pavot dans le monde. Le pavot tchèque n’est pas le même que le pavot cultivé pour la fabrication de drogue, comme en Aghanistan par exemple. Cela ne veut pas dire que le pavot tchèque ne contient absolument aucune substance nocive pour la santé. Une raison pour laquelle la production reste contrôlée par les douanes, qui précisent tout de même que de moins en moins de personnes endommagent les cultures pour essayer de récupérer la sève de ces fleurs et le phénomène est aujourd’hui marginal.

31 000 tonnes de pavot produites en République tchèque cette année : c’est la dernière évaluation faite par l’Office tchèque des statistiques. Et même si cela représenterait 2 000 tonnes de moins que l’année dernière, ce chiffre fait toujours de la République tchèque le principal producteur de pavot au monde. De pavot légal évidemment, celui destiné à l’industrie agro-alimentaire.

Il y a une quinzaine d’années, le nombre d’hectares consacrés au pavot a considérablement augmenté en République tchèque. Milan Soukup cultive du pavot dans des champs situés à proximité de la capitale tchèque :

Milan Soukup,  photo: Alexis Rosenzweig
« Chez nous c’est une tradition, on cultive du pavot depuis toujours. Et puis avec les régulations d’autres cultures, notamment de la culture de betterave sucrière, beaucoup d’agriculteurs ont décidé d’opter pour une autre culture intéressante, celle du pavot. Le consommateur aime le pavot cultivé ici, parce qu’il est aromatique et a un goût sucré, ce qui plaît à notre organisme... »

La production tchèque de pavot est en très grande partie destinée à l’exportation. Le cours de la tonne de pavot est très fluctuant et les dernières années n’ont pas été bonnes. La surface consacrée au pavot a atteint 70 000 hectares les années précédentes, et selon Milan Soukup, ce n’est pas bon pour le marché :

Photo: Alexis Rosenzweig
« D’après moi il faut stabiliser le nombre de surfaces destinées à la culture du pavot en République tchèque. Même si nous sommes devenus un acteur dominant du marché dans le monde pour la production et l’exportation du pavot, je pense qu’il faut limiter la surface qui lui est consacrée à une cinquantaine de milliers d’hectares. Parce qu’avec 70 000 hectares cela devient dur d’exporter, et la consommation locale est pour nous négligeable. »

La dernière récolte s’était vendue à un prix très inférieur à celui des années précédentes, ce qui selon M. Soukup était une conséquence d’une trop importante production en République tchèque :

« Aujourd’hui on peut dire que le prix est quand même un peu remonté. Il y a quelques semaines, le kilo de la récolte précédente était encore à 14 couronnes. Maintenant, il est remonté à 18 couronnes par kilo. Selon moi, il faudrait que le kilo soit dans une fourchette entre 30 et 35 couronnes, pour que ce soit intéressant pour nous les agriculteurs et pour les intermédiaires, donc pour le consommateur. »

La culture du pavot, même du pavot destiné à l’industrie agro-alimentaire, est une culture particulière.

Lada Temňáková est la porte-parole des douanes de Brno : « La République tchèque fait bien partie des principaux producteurs de pavot dans le monde et on sait que le pavot contient des substances addictives qu’il est possible d’utiliser à mauvais escient. »

C’est la raison pour laquelle tout champ de pavot et toute production sont sérieusement contrôlés par les douanes. Les agriculteurs ont une ligne directe pour prévenir s’ils remarquent quelque chose d’inhabituel dans leur champ, par exemple des traces de passage de personnes essayant d’entailler la fleur pour en faire sortir la substance censée contenir des opiacés. Dušan Vítek, de l’hôpital de Jihlava :

« La substance ainsi recueillie est un poison. Que les curieux évitent de la goûter ou même de s’en approcher, parce que si elle s’infiltre dans des plaies cela peut provoquer un empoisonnement qui peut même être mortel. »