Des chansons tchèques « made in France »

Lenka Filipová, photo: Archives de Lenka Filipová

Il semble que les Tchèques ont depuis toujours cultivé un faible pour la chanson française. Il en résulte de nombreuses reprises de chansons françaises par des artistes tchèques, des reprises dont la musique familière est accompagnée de textes originaux écrits par des paroliers tchèques de renom. Radio Prague vous propose quelques-unes de ces reprises, que les Tchèques ont depuis apprises par cœur.

Des reprises toujours prenantes grâce à des paroliers originaux

Waldemar Matuška | Photo: Archives de ČRo
Waldemar Matuška est l’un des nombreux chanteurs dont l’interprétation des chansons françaises a conquis le public. En plus de la chanson « Sur le pont d’Avignon », enregistré en 1972 aux côtés de l’orchestre de Václav Hybš, Waldemar Matuška avait précédemment repris d’autres morceaux français, devenus des tubes dans la Tchécoslovaquie de l’époque, comme « Sbohem, lásko » (« Adieu amour »), une reprise de « Laisse-moi petite fille », ou bien « Slavíci z Madridu » (« Les Rossignols de Madrid ») qui reprend« Le Rossignol anglais ».

Les paroles tchèques de ces deux reprises de chansons d’Hugues Aufray ont été écrites par Ivo Fischer, grand auteur ayant écrit des centaines de textes. Ivo Fischer a notamment écrit les paroles de « L’important c’est la rose » de Gilbert Bécaud, reprise ayant vu le jour en 1967 avec la voix de Helena Vondráčková. Les paroles d’une autre reprise de la chanson de Gilbert Bécaud « Le Pays d’où je viens ». ont été écrites par Zdeněk Borovec. Le morceau avait été interprété avec la voix de velours de Jiří Vašíček.

Dès les années 1960, les chanteurs tchécoslovaques se passionnent pour les chansonniers français. Ils confient l’écriture des paroles à de grands auteurs comme Zdeněk Rytíř, Zdeněk Borovec ou Jiřina Fikejzová, entre autres. C’est aussi la voix magique de Hana Hegerová, qui est étroitement liée à l’interprétation des chansons françaises. Les paroles de la chanson traditionnelle « Giroflé – Girofla », traduite en Tchèque par « Buďto ty anebo já », « Soit moi, soit toi », ont été écrites par Ondřej Suchý, frère du pas moins célèbre musicien Jiří Suchý.

Marie Rottrová et Jiří Bartoška,  photo: ČT
La chanson « Klíč pro štěstí » – « La clé du bonheur », chanson qui avait pour titre originaire « Though I’d ring you », et avait été interprétée par la chanteuse galloise Shirley Bassey et l’acteur français Alain Delon, sera interprétée dans la version tchèque, par Marie Rottrová et l’acteur Jiří Bartoška.

« Quelqu’un de nous doit le dire
Que ce soit toi ou moi
Je vais vider mes poches
Déçue je te rends tes rêves Quelqu’un de nous doit le dire
Que ce soit toi ou moi
Tu me donnais des baisers sucrés
Ce qui s’est passé c’est du passé »

Des paroles pas toujours fidèles à l’original

Lenka Filipová,  photo: Archives de Lenka Filipová
Les reprises des chansons françaises ont été multiples, par exemple avec les chansons d’Edith Piaf comme « La Vie en rose » interprétée par Helena Vondráčková sous le titre de « Confession dans les roses » (« Vyznání v růžích »), ou « Non, je ne regrette rien », interprétée par Eva Olmerová sous le nom de « Les années passent » (« Jdou léta jdou »).

Les grands noms de la musique française ont continué de servir d’inspiration avec le temps. Dans les années 1980 et 1990, de nouvelles reprises ont vu le jour comme avec Lenka Filipová et la chanson de Francis Cabrel « Je l’aime à mourir », qui a été traduite en tchèque par « Amoureuse », ou aussi avec Ilona Csáková, qui a repris en 1998 le morceau de Serge Gainsbourg « Je t’aime, moi non plus », et dont le titre tchèque est « Lorsqu’il ne reste que quelques mots ».

Photo: Supraphon
Si dans la majorité des cas, les textes des chansons raconte pratiquement la même histoire que dans les textes originaux, comme pour la chanson « Moribond » de Jacques Brel, traduite en tchèque par « Les Etés des vacances », les textes d’autres reprises diffèrent parfois légèrement de l’original, mais semblent garder un sens pas si éloigné. La chanson « Je suis malade » de Serge Lama, dont les paroles ont été écrites par Jiřina Fikejzová, devient « C’est ce que j’aime » (« To mám tak ráda »), une chanson qui relate, dans une atmosphère presque tragique, l’insoutenable douleur de l’amour qui semble devenir une douleur « résignée ».

« Musique aimable
Reste avec moi
Maintenant que je n’entends plus ta voix
Je suis en sécurité ici
Ce qui ne me convient pas
C’est que je pense de nouveau à toi
Au fur et à mesure que passe le temps C’est ce que j’aime
C’est ce que j’aime vraiment
Ce poison que j’ai dans la peau
Lorsque j’avais l’habitude de dormir sur les roses
Qu’est ce que j’en tire ? »