1927 : Stará, natoč gramofon – Bobonne, allume le tourne-disque

Photo: Panton

Notre grande enquête consacrée aux 100 tubes du siècle depuis la fondation de la Tchécoslovaquie en 1918, dans laquelle vous pouvez voter pour la chanson tchèque la plus marquante ou la plus belle de ces cent dernières années, se poursuit avec pour cette fois l’année 1927.

Le 27 mai 1927 se tient la troisième élection du président Masaryk.

Le 14 juillet est publiée en Tchécoslovaquie la loi relative à l’organisation de l’administration politique qui marque une réforme profonde de l’administration territoriale : les régions (Bohême, Moravie-Silésie, Slovaquie et Ruthénie subcarpathique) constituent désormais la base de la division du pays.

Le 13 avril naît l’athlète et parolière Jiřina Fikejzová.

Dès le début des années 1920, les premiers tubes en provenance de l’étranger apparaissent en Tchécoslovaquie. Ceux-ci reposent alors sur un rythme de jazz. Musiciens, paroliers et aussi éditeurs en profitent naturellement et ce commerce fructueux se met rapidement en marche et passe même la surmultipliée. Et ce d’autant plus que de nouvelles danses modernes continuent d’arriver dans le pays.

C’est à l’une d’entre elles qu’invite, en 1927, la chanson dont le titre complet est : « Stará, natoč gramofon, naučím tě bleckbottom » - littéralement « Bobonne, allume le tourne-disque (ou gramophone pour les besoins de la rime), je vais t’apprendre le black bottom ». Ces mots rudes aussi faisaient alors partie des débuts intentionnellement provocants du jazz.

Photo: Panton
Tout comme d’ailleurs le pseudonyme anglais de l’auteur. Smith Kwiet n’était personne d’autre en réalité que František Alois Tichý, alors organiste et pianiste de bar – et plus tard seulement chef d’un ensemble populaire connu. Le black bottom de Tichý, ou de Kwiet si vous préférez, nous est rappelé par un enregistrement plus récent de l’Originální pražský synkopický orchestr – l’Orchestre syncopé original de Prague – et de son chanteur Ondřej Havelka. Les jeunes musiciens s’attachaient à respecter scrupuleusement le son des groupes de bar de l’époque, qui étaient le plus souvent formés uniquement de pianistes et de violonistes ; un son produit grâce à un instrument équipé d’une sorte d’entonnoir amplificateur et appelé violon à pavillon. Mais vous allez l’entendre de vous-mêmes : dès que « stará natočí gramofon » - « bobonne allumera le tourne-disque » !