Le football tchèque gangrené par le racisme

Patrice Abanda (Photo : CTK)

En Tchéquie comme dans de nombreux pays d'Europe centrale et orientale, les joueurs de football de couleur sont souvent victimes d'injures racistes venant des tribunes. Comme en Italie il y a quelques années, des clubs et des fédérations ont déjà écopé de fortes amendes, mais le problème ne tend pas à se résoudre. Le gouvernement tchèque vient de lancer une nouvelle campagne contre le racisme, une campagne centrée notamment sur le racisme dans les stades.

Evandro Adauto  (Photo : CTK)
Avec la reprise du championnat de football, des publicités sont apparues dans les magazines spécialisés et les journaux, des publicités qui mettent l'accent sur le problème du racisme dans les stades tchèques.

La fédération tchèque de football est résolue à lutter contre ce phénomène qui contribue à donner une mauvaise image du sport, et du pays en général. Les nouvelles affiches de la campagne contre la xénophobie montrent l'attaquant brésilien noir de peau du Slavia Prague, Adauto, qui est souvent victime d'injures racistes, ainsi qu'un jeune supporter blanc. La légende décrit le supporter raciste comme victime de sa propre ignorance et de sa frustration. Vojtech Kopecky a concu cette campagne de pub:

"Bien sûr il n'est pas question, dans cette pub, de faire passer les racistes pour de pauvres gens qu'il faut aider à tout prix. Mais il s'agit de faire en sorte que ces gens ne soient pas les victimes de leurs propres préjugés. C'est la raison pour laquelle nous disons que 'nous sommes tous des victimes', soit victimes directes du racisme, soit victimes de nos préjugés, et du fait que nous sommes incapables de nous ouvrir vers l'autre."

Patrice Abanda est un joueur camerounais qui évolue depuis plusieurs années au Sparta Prague. Le racisme dans les stades tchèques, il le subit toutes les semaines.

Patrice Abanda  (Photo : CTK)
"A tous les matchs que je joue avec le Sparta, chaque fois que je touche le ballon j'entends des cris de singe. Dernièrement on m'a même lancer des bananes, la semaine dernière, à Kladno."

Avez-vous déjà vu ce genre de comportement ignoble dans d'autres pays?

"C'est à Prague que ça m'est arrivé pour la première fois. J'avais joué avant ailleurs, notamment en Grèce, et ça ne m'était jamais arrivé. Ce qui est le plus difficile, c'est quand ce sont les supporters de votre propre équipe qui se comportent comme ça. On essaie de faire avec, mais les bananes c'était vraiment trop."

Est-ce que ce genre d'incidents pourrait vous pousser à quitter le football tchèque?

"Oui, ça pousse même à quitter l'Europe de l'Est. Je me suis renseigné et on m'a dit que c'était pareil dans toute la région."

Patrice Abanda  (Photo : CTK)
Est-ce que vous penser que des campagnes comme celle lancée par le gouvernement tchèque peuvent être efficaces?

"Je pense que ça va contribuer à faire évoluer les mentalités. Mais ça va se faire avec beaucoup de difficultés parce que ce n'est pas nouveau. Les Tchèques sont comme ça, il y a de la xénophobie en eux. Je pense que la campagne de pub est bonne mais ça ne va pas changer grand chose. Il y a beaucoup de travail à faire, ce n'est pas une campagne qu'il faut faire une fois par an ou une fois tous les deux ans, il faut le faire en permanence..."

Une campagne nécessaire, toutefois non suffisante pour beaucoup. Mais à l'heure où le Président Klaus préfère poser pour des publicités vantant les mérites d'une école privée, ces campagnes de pub antiracistes sont considérées par de nombreux Tchèques comme étant d'intérêt public.